Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de loup de tilleul et de menthe
voleuse de parfum impure fausse nuit
fille aux cheveux d’écume issus de l’eau dormante.
Après l’aube la nuit tisseuse de chansons
s’endort d’un songe lourd d’astres et de méduses
et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons
veille sur le repos des étoiles confuses.
sa main laisse glisser les constellations
le sable fabuleux des mondes solitaires
la poussière de dieu et de sa création
la semence de feu qui féconde les terres.
Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de mer de feu de loup de piège
bergère sans troupeaux glaneuse sans épis
aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige .
Claude Roy