Ce n’est pas si terrible
un jour vide
d’abord
et le plus soigneusement du monde
je fais l’expérience du rien
puis j’enfile autour de mes poignets
les images de ce qui manque
ou me plaît
mon cœur
je l’ai posé du côté du miroir
il reflète
les coups d’œil
que parfois tu lui jettes
Martine Audet (Québec)
« Ce n’est pas si terrible… », Que ferais-je du jour, La courte échelle, 2003
« Ce n’est pas si terrible »
en effet « mon cœur
je l’ai posé » mais pas près du miroir car c’est fatiguant un miroir.
Si j’étais moi je serai une autre
Sans miroir
Sans yeux ni bouche ni oreilles
Il arrive que je sois
Parfois
En stand by
Pour souffler
Sentir
Respirer
Tenir toutes les odeurs en mémoire
Celles des champs et forêts
Celles de la montagne
Et puis il y a
L’Océan
Et l’autre
« L’océan-mer »*
Alors je me dis
à voix retenue dedans :
« À bientôt
Hasta pronto
¡Y que le vaya bien! »
Ça ne regarde personne d’autre que celle qui gît en moi et continue de me hanter
Peut-être que si je ne l’avais point perdue si tôt
Alors peut-être que je ne serai pas moi ?
Toutes cordes tendues
Et à « fleur de peau »
Comme c’est joli cette expression …
Il faut que je téléphone .
Non, il faut que j’écrive à Charles
C’est son livre « Le Déclic »
(Qu’il ne m’a certainement pas envoyé par hasard ),
Qui me dit de secouer les dernières plumes asséchées et les tremper de nouveau à l’encre turquoise qui m’attend…
Lorsque l’on ouvre une tombe
Qu’y trouve t’on vraiment ?
Ce ne sont que les souvenirs qui parlent au présent…
Véronique C Chastelier
À Bonnes , au bord de La Dronne
Suite
*Ocean Mer roman de Alessandro Barrico