On me dit que là-bas…

On me dit que là-bas les plages sont noires
De la lave allée à la mer
Et se déroulent au pied d’un immense pic fumant de neige
Sous un second soleil de serins sauvages
Quel est donc ce pays lointain
Qui semble tirer toute sa lumière de ta vie
Il tremble bien réel à la pointe de tes cils
Doux à la carnation comme un linge immatériel
Frais sorti de la malle entr’ouverte des âges
Derrière toi
Lançant ses derniers feux sombres entre tes jambes
Le sol du paradis perdu
Glace de ténèbres miroir d’amour
Et plus bas vers tes bras qui s’ouvrent
A la preuve par le printemps
D’APRES
De l’inexistence du mal

Tout le pommier en fleur de la mer

André Breton

L’air de l’eau
Editions des Cahiers d’art, 1934