Maintenant c’est le noir

« Maintenant c’est le noir »

Maintenant c’est le noir
Les mots c’était hier
dans le front de la pluie
à la risée des écoliers qui
traversent l’automne et la
littérature
comme l’enfer et le paradis
des marelles

Tu prêchais la conversion pénible
des mesures agraires
à des souliers vernis
des sabreuses de douze ans
qui pincent le nez des rues
et giflent la pudeur
des campagnes étroites

Tu prêchais dans les flammes
du bouleau du tilleul
à des glaciers qui n’ont
pas vu la mer encore
et qui la veulent tout de suite
et qui la veulent maintenant

Maintenant c’est le noir tu
changes un livre de place
comme s’il allait dépendre
de ce geste risible en soi
que le chant te revienne
et détourne enfin
avec la poigne de la nuit
le cours forcé
de ta biographie

Guy Goffette
Solo d’ombres – 1983