Paumapeau

Atome centrifugé
Sidéré
Chair violentée
Exfiltrée du trou noir
Outre utérus
De naître quel outrage
Pupilles éblouies
Regard ébahi
Réduisez la lumière
Lilliput c’était hier
A ta seule mesure
Tous feux éteints
En quelques lunes
Tu apparais à la une
Avec moi sous les feux de la rampe
Tu n’as pas fière allure
Pas le choix
Tu dois exister respirer devenir
A la mesure des autres
Electron libre
Je dois
M’apparier
Savoir qui j’ose aimer
Qu’il est dur de naître
Pas de mot
Pour dire
Qui renonce au calme des eaux
Et au placenta doux
Visqueux gris gluant
Dans son enduit de velours
Souillon évadé de l’amnios
Comme un voleur se glissant
Par le dangereux corridor
Pour d’incroyables noces
Avec la vie cette impensable
Voyage au bout du corps
D’un coup de reins
En transit sans transition
Te voilà petit d’homme
Nettoyé curé baptisé
D’un coup de gomme
Costumé conforme convenu
D’un coup de lange
Impeccable
Beau comme un ange
Paré pour l’impatience
Surtout ne sois pas sa récompense

Et tu n’as rien vu
Des horreurs encore
Qu’on nous montre dehors
De la mort rien vu
Il aurait mieux valu
Qu’on n’en sache rien
Un tourment d’inquiétude
Balaie ta poitrine
Ma paume épouse ta peau
Comme lierre et pierre
Elle joue son rôle
Comme la prière
La main s’impose
Ton souffle tes systoles
Perçoivent la négociation
Tu gagnes la paix la paix me gagne aussi
Qui de nous deux s’apaisera le premier
Tu as bien le temps soldat de la vie
D’aller au feu la fleur au fusil
La fièvre aux yeux
La fleur aux lèvres
Ou sur ton marbre
Demain est ton sursis
Le temps te guette
Plus tard plus tard
Gentil petit garçon
Tu grimperas à l’arbre
En goûteras la sève
Ecartant sa ramée
Peut-être vers les cieux
Auras-tu des pensées
Tu scelleras des paupières
Et l’œil grand ouvert
Tu tairas tes colères
Tu noueras
Dénoueras des doigts
Un jour
Tu apposeras ta main déployée
N’est-ce pas cela le paradis
Ce moment miracle d’amour
Comme un témoin transmis
Profite de la mienne
Et du sein langoureux
Ah que la mère advienne
D’ici la fin
Combien de milliards
De battements
Et combien
De regards perdus
Combien
D’illusions
De déceptions
Nul Néant Niet
A quoi servirait ma vie
De pierre frileuse
Sinon à rassurer
Ta peau soyeuse
Paume à peau

Petit cœur vaillant
Quel est ton nom ?
Merci

Jean-Louis Demarquez