Yo no lo sé de cierto, pero supongo
que una mujer y un hombre
algún día se quieren,
se van quedando solos poco a poco,
algo en su corazón les dice que están solos,
solos sobre la tierra se penetran,
se van matando el uno al otro.
Todo se hace en silencio. Como
se hace la luz dentro del ojo.
El amor une cuerpos.
En silencio se van llenando el uno al otro.
Cualquier día despiertan, sobre brazos;
piensan entonces que lo saben todo.
Se ven desnudos y lo saben todo.
(Yo no lo sé de cierto. Lo supongo.)
Je ne le sais de source sûre, mais je suppose
que lorsqu’une femme et un homme
s’aiment un jour,
ils restent seuls peu à peu,
quelque chose dans leur cœur leur dit qu’ils sont seuls,
seuls sur la terre ils se découvrent intimement,
ils se tuent l’un l’autre.
Tout se fait en silence. Comme
Apparaît la lumière au fond de l’œil.
L’amour unit les corps.
En silence ils s’emplissent l’un de l’autre.
Un jour ils se réveillent, bras dessus bras dessous ;
Ils pensent alors qu’ils savent tout.
Ils sont nus et savent tout.
(Je ne le sais de source sûre. Je le suppose).
Jaime Sabines (1926-1999), Horal, 1950