La neige vierge

La neige vierge

La neige neige son pas de lenteur
densité blanche, halo de vide
étrangement accordé au mystère
– du corps contre l’invisible
voix  parfaite de la voix se mesure
à la source fleurie de l’hiver
se mesure à ce qui la ramène au souffle
engendrant le monde

dans ta bouche

il neige des enfances de mots
des rêves qui fondent au cœur du temps
la neige les appelle sans les nommer
toucher forme, toucher sons
l’indicible parole de celle qui veille
sur la montagne enveloppe
égare, mène son jeu
aux tables de la présence
aux tables de l’absence
une légèreté qui n’existe pas

bouleverse tout , la neige
brûle sans le savoir
flamme au-dedans meurt et renaît
le corps l’éprouve, la traverse
met au monde le floconnement
– jardin trop lointain pour l’habiter
se dépose et me fait
grand froid dans la poitrine
du blanc sur du rouge
pas de réponse à la question de la vie
juste le recouvrement et  la transmutation
l’agrandissement
à la mesure de ce qui s’absente en nous

la neige neige

ouvrant nos yeux de constant éveil
les lie au ciel
qui sans cesse nous échappe
monde céleste et terrestre dans l’éphémère
la marche de l’hiver en nous
est sans illusions
agitation, angoisse,  agonie
mais que tombe la mort
comme tombe la neige
avec cette légèreté
qui nous est scellée.

Sylvie Fabre G.