Loin, trop

ils s’écartent
peu à peu
s’effacent
restent leurs voix parfois
elles passent
vite
d’autres viennent
bien sûr
mais elles ne comblent pas
l’attente

on avance
un peu plus
dans le réduit

on voit mal ce qu’ils deviennent
loin
peut-être simplement
continuent-ils
hors d’atteinte
cela se passe dehors
on n’a que peu de prise

pourtant
on voudrait voir et saisir
davantage
on voudrait de même
qu’ils parlent
comme avant
on voudrait
on retient seulement
tout semblait clair
on pouvait passer
de longs temps de vide
sans trembler
cela devient plus difficile
on s’appuie davantage
souvent aussi
on se retrouve en appui
sur rien
cela devait arriver

trop loin
les voix se brouillent
et quand elles crient
on ne peut plus venir
et quand on appelle
on n’attend plus
de réponse
vite
la mémoire
se creuse
à mesure
rien à craindre
on a tant de distances possibles
en tête
rien à craindre
mais il faudra faire un détour

le silence se peuple
on entre dans le silence
en parlant seul
et les figures regardent
écoutent
on entend leurs souffles
les mots ne recréent rien
ils avivent

ce qui se referme
au-delà de ce qu’on peut voir
fait mal
puis cela s’établit
entre en sommeil
d’une certaine façon
cela devient simple
chacun seul
dedans
avec ses autres

à la fin
on ne peut plus
ni appeler ni répondre

Antoine Emaz

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