Pour Némésis

Pour Némésis

Cheval noir, cheval blanc, une seule main d’homme maîtrise les deux fureurs. A tombeau ouvert, joyeuse est la course. La vérité ment, la franchise dissimule. Cache-toi dans la lumière.

Le monde t’emplit et tu es vide : plénitude.

Petit bruit de l’écume sur la plage du matin ; il remplit le monde autant que le fracas de la gloire. Tous deux viennent du silence.

Sous la dalle de la joie, le premier sommeil.

Semé par le vent, moissonné par le vent, et cependant créateur, tel est l’homme, à travers les siècles, et fier de vivre un seul instant.

Albert Camus
Carnets III : mars 1951 – décembre 1959