Petite sonatine

A Maurice Ravel qui m’en a fait tant voir, et à tous ceux dont la cervelle est partie avant le corps… et aussi au noir et blanc

Petite sonatine
Brève musique de mes rêve

Est-ce toi déjà, sonatine irisée des nuits entières reprise
Délicatement disharmonieuse…

Petite sonatine bien tranquille en noires sur fond blanc
En croches doubles et triples étincelantes liquides
Qui m’inonde

Sonatine argentine de rêve fluide fragile flexible
Fuyante entre mes doigts
Expressive douce comme la housse de vos hanches
-« Un frisson d’eau sur de la mousse »-

Petite sonatine décadente,
D’il y a cent ans, exactement
Qui du creux de mes nuits pérennise
Par sa rémanence obsédante
De son découvreur l’ombre chancelante

Est-ce bien toi que j’entends
Petite sonatine automnale
Qui bruine sa pluie d’assonances et de notes
Subtilement ravéliennes
Fait de la résistance avec triste élégance
Comptine à deux temps contre obsolescence du temps

Miracle chromatique contre désordre atonal
Neuronal ? Hélas, Maurice, oui… avant l’heure

Petite sonatine
Arc en ciel
Irisante
En noir et blanc
Etincelante
En gris
Elégante
En mauve
Décadente
En vieux rose
Subtilement délicatement disharmonieuse
Tu es l’écrin des charmes nocturnes
Où se perpétuent sous mes doigts complices
Fragrances et douceurs et rumeurs
Émois langueurs élans
De mon corps et du vôtre délassés
Enlacés comme noires croches doubles et triples croches
Inscrites sur fond blanc
Hirondelles en partance sur les fils de l’automne
Ainsi que tes pensées Ravel
Vers d’autres horizons
Où le regard entre les lignes tendues et bichromes
De la partition
Découvre le chant ondoyant de la multiple splendeur
La splendeur éblouie des éclats argentins
D’un courant aux harmoniques capricieux
Celui de la petite sonatine de rêve Fluide
Flexible
Fragile
Si brève
Qui accède au mystère
De nous joindre
En unisson
Subtilement
Délicatement
Désaccordé

Jean-Louis Demarquez