L’amour anarchiste

L’AMOUR ANARCHISTE

Le gâs était un tâcheron
N’ayant que ses bras pour fortune,
La fille, celle du patron,
Un gros fermier de la commune
Mais ils ne s’en aimaient que plus…
— L’amour se fiche des écus !

Lorsqu’ils s’en revenaient du bal
Par les minuits clairs d’assemblées,
Au risque d’un procès-verbal
Ils faisaient de larges roulées
Parmi le blé profond et droit…
— L’amour se fiche de la loi !

Un jour, tous deux furent prier
Elle, son père ! et lui son maître,
De les laisser se marier ;
Mais le vieux les envoya paître ;
Lors, ils prirent la clé des champs…
— L’amour se fiche des parents !

S’en furent dans quelque cité,
Loin des labours et des jachères,
Passèrent ensemble un été
Puis tout soudain, ils se fâchèrent
Et se quittèrent bêtement :
— L’amour se fiche… des amants !

Gaston Couté

2 réflexions sur « L’amour anarchiste »

  1. Je diffuse depuis six ans chaque semaine de la poésie contemporaine, au sens large, dans la boîte aux lettres de qui le veut bien, toujours extrait d’un recueil bien tangible en ses feuillets et édité à compte d’éditeur. Une centaine de lecteurs à ce jour.
    Un grand merci pour ce texte enlevé de Gaston Coûté !

  2. SALUT
    merci c’est déjà bien d’avoir ce genre de texte que le web mais c’est mieux quand ils sont complets
    L’Amour anarchiste.
    (Gaston Couté)
    Le gars était un tâcheron
    N’ayant que ses bras pour fortune ;
    La fille : celle du patron,
    Un gros fermier de la commune.
    Ils s’aimaient tous deux tant et plus. (Bis)
    Ecoutez ça, les bonnes gens
    Petits de coeur et gros d’argent !
    Ecoutez ça ils s’aimaient tant et plus
    L’Amour, ça se fout des écus !
    Lorsqu’ils s’en revenaient du bal
    Par les minuits clairs d’assemblée,
    Au risque d’un procès-verbal,
    Ils faisaient de larges roulées
    Au plein des blés profonds et droits, (Bis)
    Ecoutez ça, les bonnes gens
    Qu’un bicorne rend grelottants !
    Ecoutez ça des blés profonds et droits
    L’Amour, ça se fout de la Loi !
    Un jour, furent tous deux prier
    Elle : son père ! Et lui : son maître !
    De les laisser se marier.
    Mais le vieux les envoya paître ;
    Alors, ils prirent la clé des champs. (Bis)
    Ecoutez ça, les bonnes gens
    Qui respectez les cheveux blancs !
    Ecoutez ça ils prirent la clé des champs
    L’Amour, ça se fout des parents !
    S’en furent dans quelque cité,
    Loin des labours et des jachères ;
    Passèrent ensemble un été,
    Puis, tout d’un coup, ils se fâchèrent
    Et se quittèrent bêtement. (Bis)
    Ecoutez ça, les bonnes gens
    Mariés, cocus et puis contents !
    Ecoutez ça se quittèrent bêtement
    L’Amour, ça se fout des amants !

    Voila désolé d’être péremptoire mais j’aime bien la précision des mots et de leurs transferts… Quand je lis Desbordes- Valmore j’essaye de conter toutes les pétales…
    Cordialement et merci encore pour le travail

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