La poésie

La poésie

La poésie, je ne peux jamais
la voir que de dos,
quand elle fait ses courses au village
ou se rend à des offices de nuit.
Je la suis de loin comme un voyeur
et sur son épaule parfois
ma main se pose comme un vieil oiseau.
Je lui demande encore pardon
de ne savoir m’y prendre avec elle.
En d’autres temps je propose avec gaucherie
de porter ses cabas et ses livres de magie
La poésie, elle la passante inouïe
que je prie en silence de réchauffer ma vie.

André Schmitz

(Belgique) – Les prodiges ordinaires (1991)

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