Exil

Exil

L’exil m’érode, tige dans la tempête de dune / Les vertiges, nausées du sevrage, me renversent / chiffon que le vent agite / sur les piquets des campements désertés / Le parfum de la nostalgie m’étouffe / comme un enfant entraîné par le reflux des vagues / Le soleil dessèche mon cœur / Mes yeux sont tannés par le regard de l’étrangeté / grimaces de fantômes / Les soucis ont creusé mes tempes / des rivières, marques de la vie / rides d’une pastèque abandonnée / sur les pas de la caravane / qui relie Ghadamès à Tombouctou / Mes souvenirs sont figés dans les mirages du temps / Aujourd’hui, des milliers de milliers d’étapes / vallées de vipères, falaises de fumées-ténèbres / me séparent des campements de jadis / où les corbeaux ont dévoré les rayons de la vie nomade

L’exil me noue comme les cordes de marins

L’angoisse m’élime en une aiguille de douleur

Des années et des années sont passées / Je suis la trace de mes rêves / Tant de nuits ont coulé derrière moi / Je danse dans les flammes

J’ai goûté la sève des fruits de tout l’univers / les parfums de toutes les fleurs / menthe, jasmin, grenadier / fraîcheur du palmier / jardins, ombres des palais / mosquées du lointain orient

J’ai écouté l’écho des larmes / métissage de tous les accords / Je me suis bercé à toutes les aurores-balancelles

Mais rien n’a adouci mes gémissements

J’ai dit / Où sont les tentes de jadis / imprégnées de l’indigo d’ahal ? / Où sont les tentes d’autrefois / ouvertes vers l’horizon des étoiles / le désert de la liberté errante ? / Où sont les saisons de la transhumance / Cours d’amour et de beauté ? Où sont les plaines de mirages / où pâturent les jeunes chamelles / aux gazelles mêlées / gardées par des garçons / tresses serrées dans la ceinture

O jusqu’à présent, j’entends les cris de joie / des braves guerriers / Je vois encore dans le soleil couchant / la silhouette des antilopes au cou élancé / les maîtresses de l’ahal / Sourire de la lune

Kha ! caresse fine des doigts / sur le violon de l’honneur / qui nous allie au toit des constellations / hors du temps

Khay ! Mes brûlures n’ont pas de remède / car mes rêves sont emportés / dans les tourbillons d’acier / des machines-dragons / entre la patte des hyènes

Quelle erreur de confier le gouvernail / du vaisseau de la vie à des épouvantails / qui le font dériver dans la tempête

Nous emporterons l’étincelle de cet exil / jusqu’au trône des galaxies / au royaume des éclats qui plongent / dans les océans de lumière / Car la douleur de notre exil se confond / avec celle des gémissements de l’âme / voyageuse / des corps-pierres jusqu’à l’absolu

Hawad

2 réflexions sur « Exil »

  1. Printemps de feu

    Ces citations -échos pour Hawad , Seyhmus Dagtekin , Aymen Hacen , pour Nouri Al Jarrah , et Abdulrahman Khallouf , Hubert Haddad et Leïla Sebbar , etc…

    Extraites du beau LIVRE – CD
    MARE NOSTRUM ( AliaVox)
    Projet de Jordi Savall,
    Montserrat Figueras et
    Lior Elmaleh
    Avec l’ensemble Hesperion XXI

    Musiques & livret à mettre entre toutes les mains pour s’envoler , rêver écouter, lire et comprendre le monde dans toute sa diversité , sans déchirements ni atrocités , grâce à l’art des traversées et des passerelles humaines du nord au sud , d’est en ouest.

    Échos donc :

    Vlll-Vl e siècle av JC , l’Odyssée:

    Le vent cessa de souffler et le calme revint ; Ulysse aperçut la terre proche à la faveur d’une risée , d’un pénétrant coup d’œil , depuis la cime d’une vague. Homère

    Solon D’Athènes :
    Cherche en toi, dans ta tête , et là tu y trouveras tout.

    Aristote :
    L’histoire explique ce qui s’est passé: la poésie ce qui aurait dû se passer.

    Virgile :
    Heureux celui qui a pu démêler le pourquoi des choses .

    Pomponius Mela:

    Ici s’étend la Mare Nostrum, à gauche de l’Hispanie, à droite de la Mauritanie, la première partie est en Europe , l’autre en Afrique.

    Callimachus :
    Quel est ton nom, naufragé? Pauvre homme, on t’a trouvé rejeté par la mer , roulé par les flots.

    Polybe :
    Pour pouvoir supporter avec noblesse les avatars de la fortune, la mémoire des péripéties passées donne une maîtrise d’une inégalable clarté.

    Anonyme byzantin :
    La mer assouvit sa soif grâce aux brises qui la labourent.

    Averroès:
    Quatre choses ne peuvent se dissimuler longtemps : la science, la bêtise , la richesse et la pauvreté.

    Ibn Khafadja d’Alzira :
    Maintenant tu me vois gémir tristement , comme une colombe affligée ou une branche agitée. Noyé dans une mer de larmes, une mer de peines , une mer de ténèbres …Je n’ai pas su nager dans autant de mers à la fois!

    Chant de la Sybille :
    Du ciel tombera un grand feu; fontaines et rivières , tout brûlera.
    Les poissons pousseront un grand cri en perdant leur élément naturel.

    Léonard de Vinci :
    Celui qui pense peu, se trompe beaucoup.

    Euripide :
    Seul ce que l’on attend n’arrive pas et seul arrive ce que l’on n’attend pas.

    Miguel de Cervantès :
    Là où se ferme une porte , une autre s’ouvre.

    Ahmed Hassim :
    Il nous reste le plaisir de la mémoire en ce monde qui s’éteint et s’obscurcit.

    Gibran Jalil Gibran :
    Le chant de la mer. Finit-il sur la côte ou dans le cœur de ceux qui
    l’écoutent?

    Yehuda Amuchaï :
    Comme le mur intérieur d’une maison située à l’extérieur après la guerre et la destruction , c’est ainsi que je me suis senti brusquement .

    Mahmoud Darwish :
    Combien de fois peux-tu placer les directions de mon âme dans le bec de ces colombes ?

    Rafael Alberti :
    Que les balcons de ma maison sont hauts!
    Mais on n’y voit pas la mer. Qu’ils sont bas !

    Abu Ishaq al Husri :
    Entre toi et moi il y a une mer, un feu dévorant .

  2.  » Voyez, des vagues aux étoiles ,
    Poindre ces errantes blancheurs !
    Des flottes sont à pleines voiles
    Dans les immenses profondeurs ;
    Dans la nuit qu’éclairent les mondes,
    Voyez sortir du sein des ondes
    Ces phosphorescentes lueurs !  »
    Louise Michel, extrait
    de Souvenirs de Calédonie,
    « Chant des captifs  »

    Pour un 1er Mai 2017 dans la chaleureuse présence des « phosphorescentes lueurs » , et autres lucioles ( cf Aimé Césaire ) , et malgré une météo glaciale-humide en métropole , où les captifs & autres apatrides en exil cherchent juste une saison des hommes où se reposer.

    Véronique C Chastelier

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