Comme un écho à Oiseau de Moncef Ghachem

Comme un écho à Oiseau de Moncef Ghachem

Les ailes dépliées, le ciel pour maison
En l’espace infini
Leurs chants d’appels
cet automne silencieux
Les grues tardent
Partir ? Revenir ?
Les grues se rassemblent
Prennent leur temps, refuges
Mes yeux guettent leurs V
V de Victoire sur le défi
V de Voyage allers-retours
Toujours.
Là où gèlera l’air glaciaire.
Mes sens en alerte
Oreilles à l’affût
Viendront-elles ?
«  La mort ce sommeil stagnant
Blanc labyrinthe où caracole
L’écumeuse mémoire
Lune jaune de la solitude qui gèle. » *

Les grues s’entendent
Attente délicate
sous les Perséïdes & vents contraires
Dans les sables mouvants de l’enfant
trimbalé coule du sang
de l’oubli, des vagues engloutissent
dévorent, rejettent pantelant
tout l’avenir

«  Nous voulons être égaux sur la Terre
pas seulement au ciel »**
Et de l’écriture
Cri et ratures
adviendra une consolation
temporaire
Et du ciel elles reviendront
Cendrées élégantes
Élancées, constantes
Elles, désirées
L’attente immuable
Étincelante lune

ouvre la voie
et la voix à tombeaux et vents
Poussières
Vers le sud,
Notre cœur tend vers le sud ***

Un enfant , qu’est-ce qu’un enfant ?
demande une femme sur un balcon
regardant passer les trains.
Pensant à La Bestia,
L’autre train là-bas au Mexique.
L’à venir abîmé .
Des avions recrachent des corps anonymes
retours case départ
des embarcations
déversent à corps perdus
des enfants demeurent
seuls. Toujours.
Captifs de l’absurde violence
Camps de plastique et bois flottés
Corps éperdus.

« Où vont tous ces enfants
Dont pas un seul ne rit. » ****

Elles, elles tardent
de leurs cris de ralliement
de leurs ailes du mouvement
peut-être qu’il n’existe plus de chant joyeux d´unisson.
Sombres tourbillons .
Elles hésitent
Il faut les comprendre
Le retour est compromis
le ciel, les vents contraires
n’engagent pas au voyage
giflent
l’espoir.
In the mood for love.

Véronique Cotet Chastelier

*Moncef Ghachem
**Camilo Torres y Atahualpa Yupanqui
*** S Freud
**** V Hugo