Le soleil fleurit dans l’arbre

Le soleil fleurit dans l’arbre

Le soleil fleurit dans l’arbre
en dépit de la nuit qui file les instants
la fleur d’amande sourit
confiante dans le fruit
le ciel infini
le dix juin laisse les lames lumineuses noyer
la terre dans son torrent de flammes
l’enfant qui est comme l’ange qui est
comme Dieu libère enfin son souffle
le laurier de l’aube rose sa fleur
caresse le bois vert
le ressuscite
au souffle muet du parfum
le matin se couvre d’or
pour mieux évoquer le jour premier
le bois mort se dissimule sous la feuille pour cacher sa limite
la rose flambe l’arôme chante en silence
et le jour triomphe sur le fumier de la nuit
une colombe se pose une colombe s’envole
le clapotis chasse l’obscurité
la brise s’éprend du tilleul
le jour éblouit où meurt l’ombre
la ténèbre immobile se libère de la lumière
qui l’achève
pourrons-nous un jour nous dire
tu es mon frère je t’aime comme je m’aime
mettre chacun sa tête sur le cœur du frère
et l’écouter vivre

pourrons-nous nous regarder
œil plein dans œil plein
non d’un quart d’œil
du regard en coin

alors je m’endormirai dans mon œil
et mon œil dormira dans la pupille de ma mère
toute une nuit
une nuit pleine
et plus qu’une nuit
où la mort n’est plus
ni la ténèbre ni l’oubli

Saïd Sayagh