Sentiers où l’herbe se balance

Sentiers où l’herbe se balance

— Sentiers où l’herbe se balance,
Vallons, coteaux, bois chevelus,
Pourquoi ce deuil et ce silence ?
— Celui qui venait ne vient plus.

— Pourquoi personne à ta fenêtre,
Et pourquoi ton jardin sans fleurs,
Ô maison ? où donc est ton maître ?
— Je ne sais pas, il est ailleurs.

— Chien, veille au logis. — Pourquoi faire ?
La maison est vide à présent.
— Enfant, qui pleures-tu ? — Mon père.
— Femme, qui pleures-tu ? — L’absent.

— Où s’en est-il allé ? — Dans l’ombre.
— Flots qui gémissez sur l’écueil,
D’où venez-vous ? — Du bagne sombre.
— Et qu’apportez-vous ? — Un cercueil.

Victor Hugo
Jersey, le 1er août 1853.