Le serpent qui danse


Le serpent qui danse

Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur !

Charles Baudelaire

Les fleurs du mal

2 réflexions sur « Le serpent qui danse »

  1. Un ciel liquide qui parsème
    D’étoiles mon cœur …

    Comme Prevert & Cosma

    Comme Demy & Legrand

    Comme Kusturica & Goran Bregovic

    Comme Godard & Delerue

    Etc

    Les paires artistiques font des perles
    Et les solitaires éprouvés font des vers.
    Tout peut s’écrire
    Se Vivre:
    Si Libres D’Aimer
    Si Libres D’Aller
    Si Libres de Jouer
    Si Libres de Penser
    Et de Créer
    Si Libres de Danser
    Et de Panser ses plaies,
    Si Libres de Connaître
    Et Sentir, Souffler, Ralentir.

    Écoutez donc l’émission de France Culture de ce jour jeudi 17 août 2017
    Ré-écoutez la encore .
    « Les Masterclasses  » d’Avignon avec le comédien Denis Lavant.
    Brillant , sensible , sincère , spontané mais réfléchi , philosophe tendre et malicieux, qui sait de quoi il parle , de quoi il est question dans le Je Etre Comédien et le Jeu en action.
    Qui a travaillé autant son corps et son Moi-Peau , que nourrit ses méninges , son esprit curieux et gourmand d’apprendre .
    Un grand moment d’écoute et de lumière sur les routes du Médoc et sa face cachée . Entre les visites à domiciles ici & là.
    Un beau moment d’intenses réflexions à écouter les résonances des propos de l’authentique D Lavant, comme L’Echo de mon métier en quelque sorte :
    Un jeu périlleux et une manière d’ être en jeu, parmi tous les JE sujets , auteurs et spectateurs, en souffrance, rencontrés sur leur terrain , à la manière d’un ethnologue, et d’un technicien éclairagiste très perfectionniste. Impossible de tricher.
    Au théâtre quotidien…

    Écoutez aussi l’émission de F Inter très poétique ce jour : Ciné qui chante , avec Prevert et Cosma, paire poétique & fertile.

    Et pratiquez ce nouveau verbe: podcaster .

    Éteignez Tout ensuite.

    Les nouvelles du Sud ne sont pas bonnes. Aucun Sud n’est heureux .
    Bis Repetita du tragique et sidérant scénario à Barcelona, si vibrante de vie & de multiculturel .
    Les nouvelles du Nord ne sont guère plus heureuses : les glaciers fondent, les inuits et les ours polaires disparaîtront ensemble ou migreront au Mexique …
    Quand à L’Ouest , rien de nouveau. Pire. Retour aux crimes racistes banalisés y compris jusqu’aux plus hautes fonctions de l’Etat…
    Et vers L’Est ?
    Un Himalaya d’épreuves et de courages , pour des printemps qui tentent de bourgeonner à peine.

    Comment faire ?

    Relire : Pas Pleurer , de Lydie Salvayre la lumineuse.
    Mettre un CD de Véronique Sanson , l’ardente Amoureuse .
    Et se repasser en boucle du Son cubain.
    Ou bien Gianmaria Testa et Erri de Luca , les Quichottes du verbe combatif .
    Etc…

    Mon âme rêveuse appareille
    Pour un ciel lointain .
    Disait Baudelaire , l’ardent…

  2. Un poème de Jacques Prevert
    D’un terrible constat …
    Digressions rageuses et rêveuses , un lendemain de ravages ciblant la joie de vivre et la vie historiquement multi -culturelle en Catalogne .

    Prevert en colère , peut -être
    Fort heureusement la  » vraie vie  » n’est pas dans cette fatale sans issue, dans ce déterminisme sombre.
    Sinon les rencontres faites tout le long d’une existence quelle qu’elles soient , seraient stériles & vaines.

    Les papiers à musiques aux petits trous rectangles (ou pas ?) , crochetés dans l’orgue de barbarie deviennent chantants et parlants : magie d’une œuvre d’art entremêlée à une autre , géniale œuvre d’art en bois, sur pieds , conçue par des mains de menuisiers/ musiciens – mélomanes .

    On appelaient les Sauvages , les Barbares ces supposés: mauvais, méchants, brutes , incultes et « non civilisés  » étranges -étrangers du lointain , des fois pas si lointain.

    Revoir le film: Ridicule , de Patrice Leconte, évoquent les Landes et le paludisme !
    Écouter la poésie du Feu Bernard Manciet en occitan lors de concerts mémorables à Uzeste avec Bernard Lubat et André Minvielle , et ces feux d’artifices tout en tremblements des mots scandés en cette « langue de l’amour » dirait Patrick Lavaud l’Atypique.

    Il suffisait juste de passer la
     » Frontière » de la Leyre à l’eau sinueuse, ferrugineuse et mystérieuse , à
    Belin-Beliet , entre Gironde et Landes de Gascogne pour parler des
    « sauvages  » vêtus de peaux de moutons , guêtres , sabots et bérets noirs , juchés sur leurs échasses, gardant leurs moutons dans les longues étendues marécageuses des Landes ( avant Napoléon et l’industrialisation du pays , les récoltes de résines sur les pins plantés intensivement)
    Cette fin d’un monde rural à majorité paysan et agro-pastoral poétique et sensuel , pour une naissance des classes sociales et luttes pour les droits les plus élémentaires des ouvriers de la forêt avec leur hapchot à la main …) .

    L’exposition importante et majestueuse des collections du Musée d’Aquitaine, de l’œuvre du tendre et tenace Félix Arnaudin de Laboueyre était un bel hommage à ces gens populaires & dignes .
    Félix , poète de la mélancolique métamorphose d’un pays Landais, l’amoureux de sa belle Marie aux cheveux dénoués .

    CF : Le beau catalogue de l’expo 2016 et autres Contes & Nouvelles récoltés tout le long de sa vie , énorme œuvre d’ethnographie de Félix Arnaudin aimant l’accordeon et l’orgue de barbarie sans doute ….
    Les Contes sont traduits de l’occitan par l’ami Guy Latry .

    Adishatz a Tots !

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