Je sais

Je sais des enfants inlassables
à jamais perdus dans leur corps sans destin
perdus pour l’eau fraiche du rire et la rumeur
qui monte dans l’été des collines,
des enfants liés à leur souffle, à leur silence,
qui ne sauront
ni la rémission du baiser
ni le tremblement de la caresse;
cette naissance d’oiseau dans la paume.
Sévères architectes,
Ils bâtissent un monde sur un grain de sable
et leurs rêves sont les défaits d’un livre
dont la mort coud les pages.
S’il advient qu’ils veuillent jouer dans leur repos amer,
ils nous lancent leur pensée
comme un ballon plein de terre
et cela tombe de nos mains.
Des enfants, inlassablement des enfants.
Ils ne pleurent ni ne chantent, ils savent
qu’aimer est une guerre
dans l’instant même de la vie, leur paysage.

Jean-Pierre Siméon

Lettre à la femme aimée au sujet de la mort et autres poèmes – Poésie/Gallimard – Septembre 2017)

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