Auf den Tod eines kleinen Kindes

Auf den Tod eines kleinen Kindes

Jetzt bist du schon gegangen, Kind,
Und hast vom Leben nichts erfahren,
Indes in unsern welken Jahren
Wir Alten noch gefangen sind.

Ein Atemzug, ein Augenspiel,
Der Erde Licht und Luft zu schmecken,
War dir genug und schon zuviel;
Du schliefest ein, nicht mehr zu wecken.

Vielleicht in diesem Hauch und Blick
Sind alle Spiele, alle Mienen
Des ganzen Lebens dir erschienen,
Erschrocken zogst du dich zurück.

Vielleicht wenn unsere Augen, Kind,
Einmal erlöschen, wird uns scheinen,
Sie hätten von der Erde, Kind,
Nichts mehr gesehen als die deinen.

Sur la mort d’un petit enfant

Te voici donc parti, enfant,
N’ayant rien appris de la vie,
Tandis qu’en nos années flétries
Nous les vieux sommes pris encore.

Respirer, jeter un clin d’œil,
Aimer l’air, la clarté du monde,
T’était assez, et même trop ;
Tu t’endormais sans t’éveiller.

Peut-être en ces souffle et regard
Ayant saisi toutes fortunes,
Tous cœurs de l’existence entière,
As-tu, pris de peur, fait retraite.

Peut-être quand nos yeux, enfant,
S’éteindront, nous semblera-t-il
Qu’ils n’auront, de la terre, enfant,
Perçu rien de plus que les tiens.

Hermann Hesse (1877 – 1962),
traduction Lionel-Édouard Martin

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