Fatigue

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La fatigue

La fatigue. Encore,
la fatigue. L’effort pour
survivre. Réitéré.

Observer les nuages.
A l’intérieur.
Balayer.
A l’intérieur.

Choisir de rester.

Chaque nuage
a une trajectoire. Prendre
cette trajectoire. Impossible
de toujours tout balayer. Il y a
la fatigue.

Bien qu’aussi celle des
trajectoires. De regarder passer les nuages.
Ce genre de fatigue aussi.

Alors,
pour un instant, maintenant.
Sans rien vouloir. Et c’est presque bien.
Jusqu’à penser que c’est bien
et de le convertir nuage. En trajectoire.

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El cansancio

El cansancio. De nuevo, el
cansancio. El esfuerzo por
sobrevivir. Reiterado.

Observar las nubes.
Dentro.
Barrer.
Dentro.

Elegir quedar.

Toda nube
lleva una trayectoria. Asumir
la trayectoria. Imposible
barrer todo siempre. Está el
cansancio.

Aunque también el de
las trayectorias. De ver pasar las nubes.
También ese cansancio.

Entonces,
por un momento, ahora.
Sin voluntad. Y casi está bien.
Hasta pensar el estar bien y convertirlo
en nube. En trayectoria.

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Chantal Maillard, Fils, éditions Le Cormier, 2016, pages 24 à 28. Texte traduit de l’espagnol par Pierre-Yves Soucy

Une réflexion sur « Fatigue »

  1. C’est une carte postale.
    Je l’ai depuis mai 2013, mois du retour au Mexique.

    Photo d’une exposition, dans la salle de Arte Público Siqueiros à Bellas Artes en avril 2013 .

    Je la regarde souvent .
    Je la vois pour la première fois ce matin!
    Je voyais ces personnes vêtues de noir avec un chapeau de paille et de grands balais ( plus grands qu’elles ) , faits de branchages bien ficelés .

    Ces personnes alignées sont sur la pente d’une colline de terre sèche et de détritus . Face à elle un grand cube en verre.
    Derrière elles une autre colline aussi déserte et sèche avec quelques traces de vert ; des arbustes et des arbres épars , un , deux toits d’habitation quelconque .
    Un ciel bleu pastel , nuages blancs .

    Ce matin , fatiguée , mais pas de cette sorte de fatigue qui vous terrasse, non,plutôt ce léger décalage horaire dû à un réveil à l’aube des mots alors qu’il fait encore noir dehors , il y a une relation-révélation ,en lisant le poème du jour, c’est que je n’avais jamais réalisé que sur cette photo il n’y a aucun homme , et que ces personnes toutes vêtues de noir et de chapeaux en paille , sont des femmes .
    Elles balaient cette terre désertique ou seuls les détritus témoignent du passage d’êtres humains.

    Et ces êtres de passage n’ont rien puisqu’ils traversent ce qui est probablement la frontière entre le Mexique et les U.S.A …
    Quelle fatigue devait les étreindre pour quitter leur pays afin de trouver une vie meilleure , une vie décente  » chez les gringos  » ?
    Combien sont-ils ceux qui ont laissé leurs os dans ces déserts de la Frontera ou dans les eaux du Rio Bravo ?

    Et ces femmes en deuils tenant des balais de fortune , plus grands qu’elles, d’où viennent -elles ? Sont-les des exilées elle mêmes ?
    Des veuves ? Des mères ? Des sœurs?

    Je me reconnais en elles.
    Je n’ai pas le choix.
    Cela s’est imposé depuis longtemps
    Très longtemps .

    Il y a comme du Quichote dans cette photo là
    Et aussi du Carlos Fuentes .
    Le titre de cette exposition inaugurée le
    Martes 9 de Abril 2013
    À Bellas Artes
    Était :
    A TRAVÉS DE LA FRONTERA
    De Miguel Ángel Ríos

    Poésie de la photographie
    Fatigue suggérée
    Mais dignité des deuils portés à même la peau, et désirs de faire le ménage parmi les détritus éparpillés , vestiges des frères humains en quête d’espoir.
    Poésie-tragédie des destinées à cette frontière de verre dont parlait Fuentes
    Ici, sur notre continent et ses proches voisins, il y a ces frontières aussi , faites de sables et de terres , il y a ces frontières de pierres et d’eaux toutes périlleuses, sans cesse traversées par ces frères et sœurs humains dont nous ne connaîtrons jamais les noms ni même les visages , ces disparus de l’exil
    demeurent des âmes errantes.
    Elles me réveillent parfois.
    Est-ce que la poésie pourrait « réparer »ces exils échoués , brulés , noyés ?
    Je ne le sais pas
    Mais je sais que la poésie soutient .
    Et aussi que l’on ne regarde jamais assez lentement et précisément ce que l’on a devant soi .

    Bientôt un Printemps des Poètes ardents pour un monde d’accueil et de mains tendues , dans la recherche de la joie aux jours qui viennent , en attendant Le Temps des CeRISES & des fleurs ardentes aussi.

    V

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