Comptine de Grisette

Grisette était une souris
Qui rêvait d’être une houri
Dans de vastes prés verdoyants
Sous de grands voiles ondoyants .

Elle se voyait en coquette
Elle qui n’était que Grisette
Et n’avait séduit aucun rat.
(Jamais son charme n’opéra).

Restant seule et inconsolée
Dans son trou-un vrai mausolée-
Peu à peu elle maigrissait.
Son caractère s’aigrissait.

Elle ne mangeait plus de lard
Ne s’intéressait plus à l’art.
Elle se sentait dépérir
Et pensa: »Il vaut mieux mourir

Que de rester là dans mon trou ».
Elle sort, furète partout
Et soudain découvre un écran,
Croit pouvoir se mirer dedans.

Elle demeure fascinée
Par cette douceur satinée
Elle imagine l’appareil
Comme son galant sans pareil:

C’est un compagnon idéal.
Aussitôt elle oublie son mal.
La voilà fort énamourée
Plus jamais elle ne maugrée

Et pour son bel adorateur
Devient souris…d’ordinateur.

Fernando Arrabal

2 réflexions sur « Comptine de Grisette »

  1. pourrait-on me dire de quel recueil, publié en quelle année, vient ce poème ?

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